Claude Roy présentait Massin en ces termes : "Dans le monde de la division du travail, il a une étiquette et une qualification : graphiste, maquettiste, etc. Mais ce que j'aime en lui c'est, précisément, qu'il soit le contraire d'un "mutilé du travail", d'un spécialiste, il a écrit et écrit, il peint et lit. Un texte n'est pas pour lui une "marchandise" à "conditionner". Il ne "produit" pas des livres : il les aime, d'abord." (Arts et techniques graphiques, n° 83).
Comme il l'a raconté dans L'ABC du métier, Massin est entré comme secrétaire de rédaction en 1947 "au Club français du livre qui venait de se créer et avait ses locaux dans trois chambres de bonne de l'avenue de l'Opéra." Il n'avait pas osé l'avouer, mais ses connaissances typographiques étaient nulles. Il se rendit à l'imprimerie du Centre, sise rue Mazarine, en février 1948. Il y fit la connaissance d'un typo italien, Rossi, "un vieil anarchiste qui avait fui son pays au début de l'ère mussolinienne". Grâce à Rossi, Massin apprit son métier en six semaines. Sa première maquette, les Œuvres de Rimbaud, sortit en 1949.
L'influence unique de Massin à ses débuts est venue de Pierre Faucheux qui avait révolutionné la présentation des livres ("je n'hésite pas à dire que ces travaux d'un aîné sont à l'origine du choix que je fis, peu après, de la professsion de graphiste"). "Si Faucheux savait se montrer aussi rigoureux que les Suisses alémaniques ou les derniers héritiers du Bauhaus, il apportait, en plus, une fantaisie dont ceux-ci étaient bien dépourvus. C'est grâce à lui que j'ai appris mon métier, et que j'ai pu découvrir qu'il n'y a pas de caractères laids, mais seulement des gens qui ne savent pas s'en servir." Ci-contre deux maquettes de Faucheux pour le Club français du livre: l'une au revolver pour Le Brave Soldat Chveik de Hasek (1948) et l'autre pour les Contes nocturnes d'Hoffmann.
Je reviendrai sur les travaux de Massin dans un prochain billet.
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