samedi 29 janvier 2011

Deux envois autographes signés de "Buste-à-pattes" (Céline)

Buste-à-pattes, c'est ainsi que Louis-Ferdinand Céline surnommait Henry de Montherlant. Ci-dessous deux envois autographes signés de Montherlant à son confrère, le critique Émile Henriot, futur académicien lui aussi. Le premier accompagne un exemplaire numéroté du service de presse des Onze devant la porte dorée:


Le second, un service de presse de Aux fontaines du désir:





Trois années séparent ces deux volumes. On remarquera le relâchement de l'écriture de Montherlant d'un exemplaire à l'autre.

mardi 11 janvier 2011

Massin et les Clubs

Dans mon billet précédent, j'évoquais la révolution introduite dans la présentation des livres par Pierre Faucheux. Massin a reconnu avec insistance ce rôle fondateur. De Faucheux, il dira: "Il a été le premier (...) à mes débuts, étant dans son sillage, je n'ai pu faire autrement que l'imiter." Cette dette reconnue, Massin citera, parmi les plus brillants de ces jeunes turcs des clubs, Jacques Daniel, Claude Bonin-Pissarro, Jacques Darche. Leurs "réussites les plus éclatantes" auront été notamment le Balzac de Darche et la collection "Les Portiques" de Faucheux, tous ouvrages appartenant à "l'âge d'or de la production des clubs".


Les premiers clubs sont contemporains de l'expression alors nouvelle, et plutôt flatteuse, de livre-objet. Dans l'esprit de Massin, le livre-objet des clubs était conçu comme un "ensemble homogène" réalisé par un "artisans du livre". Voici comment Massin, ce "contraire d'un mutilé du travail", suivant l'heureuse expression de Claude Roy, décrit cette œuvre totale: "Ici, nous intervenions dans le choix du caractère, du corps, de l'interlignage, du rapport des marges avec le texte, etc. Nous attachions nos soins à ce qu'on appelait le "déroulement", c'est-à-dire la succession des pages liminaires, celles-ci devant jouer, selon nous, un rôle d'exposition, comme celui d'une ouverture dans le domaine de la musique, en mettant le lecteur en condition. Ainsi ce déroulement s'étendait-il parfois sur vingt pages (...) Il empruntait au récit cinématographique (...) Le choix du papier avait son importance - pour Ubu roi, j'utiliserai un papier dit de boucherie - mais plus encore le décor des gardes, qui devait révéler l'atmosphère du livre, et celui de la reliure, dont le matériau fut parfois des plus inattendus: toile de sac, bois, velours, papier peint... Non, le volume n'était plus ce parallélépipède rectangle épais et inerte comme une brique, mais une chose vivante, dans laquelle nous nous efforcions d'introduire une troisième dimension, alors que le support de l'imprimé n'en a habituellement que deux." (L'ABC du métier, Imprimerie nationale, 1989).  

Jeunes Filles de Francis Jammes (Club du meilleur livre, 1954), réalisé d'après les maquettes de Massin : un velours couleur de mousse (et, en page de garde, un timbrage à sec d'un mouchoir brodé à la main).

vendredi 7 janvier 2011

De Faucheux à Massin

Claude Roy présentait Massin en ces termes : "Dans le monde de la division du travail, il a une étiquette et une qualification : graphiste, maquettiste, etc. Mais ce que j'aime en lui c'est, précisément, qu'il soit le contraire d'un "mutilé du travail", d'un spécialiste, il a écrit et écrit, il peint et lit. Un texte n'est pas pour lui une "marchandise" à "conditionner". Il ne "produit" pas des livres : il les aime, d'abord." (Arts et techniques graphiques, n° 83). 
Comme il l'a raconté dans L'ABC du métier, Massin est entré comme secrétaire de rédaction en 1947 "au Club français du livre qui venait de se créer et avait ses locaux dans trois chambres de bonne de l'avenue de l'Opéra." Il n'avait pas osé l'avouer, mais ses connaissances typographiques étaient nulles. Il se rendit à l'imprimerie du Centre, sise rue Mazarine, en février 1948. Il y fit la connaissance d'un typo italien, Rossi, "un vieil anarchiste qui avait fui son pays au début de l'ère mussolinienne". Grâce à Rossi, Massin apprit son métier en six semaines. Sa première maquette, les Œuvres de Rimbaud, sortit en 1949. 
L'influence unique de Massin à ses débuts est venue de Pierre Faucheux qui avait révolutionné la présentation des livres ("je n'hésite pas à dire que ces travaux d'un aîné sont à l'origine du choix que je fis, peu après, de la professsion de graphiste"). "Si Faucheux savait se montrer aussi rigoureux que les Suisses alémaniques ou les derniers héritiers du Bauhaus, il apportait, en plus, une fantaisie dont ceux-ci étaient bien dépourvus. C'est grâce à lui que j'ai appris mon métier, et que j'ai pu découvrir qu'il n'y a pas de caractères laids, mais seulement des gens qui ne savent pas s'en servir." Ci-contre deux maquettes de Faucheux pour le Club français du livre: l'une au revolver pour Le Brave Soldat Chveik de Hasek (1948) et l'autre pour les Contes nocturnes d'Hoffmann.


Je reviendrai sur les travaux de Massin dans un prochain billet.

mercredi 5 janvier 2011

Le Jardin des Caresses


"Les guerres coloniales, les Mille et Une Nuits dans la traduction du docteur Mardrus (de 1899 à 1904), les premières éditions du Jardin parfumé, du Kama Soutra, marquent la mode de l'amour à l'orientale, à la manière du Cantique des cantiques. Orient assez vague, qui s'étend à vrai dire de l'Afrique toute proche à la Chine encore hostile et mystérieuse. Franz Toussaint est un aimable exemple de cette largeur d'esprit; il tirait ses langoureuses adaptations tantôt du Japon, tantôt des Indes, tantôt de la Perse, tantôt de l'Afrique. Elles furent très goûtées de 1910 à 1950 environ, et il en fut fait de nombreuses éditions, généralement enluminées", observe Jean-Jacques Pauvert dans son Anthologie historique des lectures érotiques. Voici un exemplaire du Jardin des Caresses de Franz Toussaint, publié aux éditions Piazza en 1919, avec une miniature servant de frontispice de Léon Carré.

mardi 4 janvier 2011

Laurent Claret, peinture

J'ai eu le plaisir d'accueillir à plusieurs reprises les œuvres de Laurent Claret à la librairie Feuillets Libres. Il exposera sa peinture au Café culturel Folles Saisons, du 1er au 28 février.

Laurent Claret, peinture

mardi 1er février 2011 par Commission exposition
Exposition du 1er au 28 février 2011
Vernissage le 4 février à partir de 19H30.

« Le collectionneur de paysages attend tout du paysage qui va suivre. »
Salah Stétié

Dans mon travail tout commence toujours par le paysage, et se termine avec lui. Peut-être faudrait-il mettre en avant un autre terme tel « pays » ou « contrée » pour s’opposer à une interprétation superficielle de ce motif, devenu simple « décor » dans le langage courant, et lever toute ambiguïté.
L’objet de mon travail n’est donc pas le paysage, mais le Monde réel, le Monde vivant. Le paysage en est un des moyens, et certainement celui que je préfère. Il ne s’agit pas tant de composer une œuvre que de rendre hommage, simplement, à un lieu inconnu, informe et inutile situé au pied des montagnes Pyrénées.
Ce qui se passe là, cette chose inaccessible après laquelle je marche avec le pinceau, l’encre de chine et l’aquarelle, c’est le passage du « Temps » temporel et météorologique, l’ensemble des formes que la Terre et le Ciel se confèrent mutuellement, de jour comme de nuit. ... Je ne recherche qu’une chose : rejoindre la véritable musique du Monde, des lieux et des êtres, noyée sous des flots d’images et de bruits, et tenter humblement de me l’approprier pour la restituer autour de moi.

Laurent Claret