Ainsi que Debord l'écrivit à Eugène Bogaert, l'éditeur habituel des situationnistes, le 22 août 1961, le premier tirage, gravement fautif, comportait 55 fautes, dont 14 au moins très graves et altérant le sens des textes (les plus graves sont signalées dans Internationale Situationniste n° 7, p.49 et 50). Il demandait la réimpression d'exemplaires convenables. Le 11 septembre 1961, Debord note plaisamment: "le nouveau tirage du n° 6 (...) en compensation des anciennes fautes corrigées en comporte de nouvelles dont deux au moins (pièces jointes) sont extrêmement graves." Et il ajoute: "Je vous avais demandé alors de tirer à nouveau 500 exemplaires seulement, mais qui fussent parfaits. Vous en tirez 2000, ce qui serait encore mieux, mais ils se trouvent dans un tel état qu'ils m'interdisent l'opération de rattrapage que j'envisageais; c'est-à-dire l'envoi de nouveaux exemplaires pour remplacer les anciens signalés comme erronés." Notre exemplaire ne comportant aucune des fautes les plus graves relevées dans I.S.7 mais, "en compensation", les deux nouvelles fautes signalées dans ce même numéro, nous sommes en mesure d'affirmer qu'il s'agit d'un des 2000 exemplaires du second tirage. Notre deuxième photo reproduit l'une des deux nouvelles erreurs. La légende du cliché devrait se terminer ainsi: "rompant le lien naturel que ces objets peuvent entretenir avec d'autres, pour leur faire constituer avant tout un milieu matériel d'un haut standing."
vendredi 31 décembre 2010
Internationale Situationniste n° 6
Depuis la publication de la Correspondance de Guy Debord chez Fayard, il est possible de retracer avec précision l'histoire mouvementée de la publication du sixième numéro d'Internationale Situationniste. Il se présente, comme les autres numéros, sous une couverture métallisée. Initialement prévu pour juin, puis juillet, il paraîtra finalement en août 1961, la couverture achetée à un sous-traitant de la Société alsacienne d'aluminium expliquant, une fois de plus, ce retard.
jeudi 30 décembre 2010
Lettres de Guerne à Cioran
J'ai ai eu la curiosité d'aller jeter un œil à l'année 1968 dans les Lettres de Guerne à Cioran, publiées aux défuntes Éditions du Capucin. Le 10 juin 1968, Armel Guerne trouve des accents versaillais pour évoquer les récents évènements de mai: "Nous nous sommes fait de grands soucis de vous savoir un peu trop aux premières loges, avec ce sentiment de rat pris au piège qui dut être un peu celui de chaque Parisien..." Il poursuit par des propos où une singulière lecture de l'histoire le dispute au prophétisme le plus imaginatif: "Pour ne pas rester dans le cadre abusé dans quoi s'enferment les politiciens, je crois que nous assistons et sommes en train de vivre (comme après 36, la rapide mise en place de la 5e colonne par le truchement des soi-disant "réfugiés") à la mise en place "idéologique", mais dans le monde entier cette fois, à l'Est comme à l'Ouest, en Orient et partout, de la 5e colonne chinoise pour la prochaine "conquête" - dont je pense qu'elle devrait survenir vers 1970 ou 71; guère plus tard. Vu dans la seule perspective des jours de l'Apocalypse, tout cela marche joliment! Cela galope même." Rappelons que ces ""soi-disant" réfugiés" étaient les Républicains espagnols fuyant l'avancée des troupes franquistes, qui condamnait nombre d'entre eux à la prison ou à une mort certaine. Sous des oripeaux chatoyants, le thème rebat un lieu commun de la pensée réactionnaire, le complot de l'étranger, et plus précisément l'une de ses variantes, le péril jaune (ourdi peut-être dans les caves de l'ambassade de Chine à Paris?). Dévalant gaiment cette pente, Guerne-le-prophète décèle dans les évènements de Mai 68 l'annonce prochaine de la fin du monde. Bref, la "poussée" de Mai 68 est "la plus sublime entreprise diabolique". Le 19 juin, Guerne avoue "ne pas trouver en soi d'enthousiasmes pour les diarrhées verbales, mentales et sexuelles de cette jeunesse crapuleuse et droguée, aussi moche quand elle révolutionne que lorsqu'elle fait la noce, ou baise, ou saucissonne, toujours sans hygiène et sans choix". "Ces gamins" "n'ont que l'avantage de l'étron frais sur les étrons secs". Et Guerne de demander à son destinataire: "Et le grouillement forcené de tous les asticots judaïques, à partir d'un certain degré de pourriture et de moiteur, qu'en pensez-vous?" On aimerait en effet savoir ce que Cioran aura répondu à de tels propos où l'on reconnaîtra sans peine les métaphores et les obsessions familières de la littérature d'extrême-droite...
mercredi 29 décembre 2010
Un différend fiscal
La correspondance avec les agents du fisc est un genre sous-estimé, comme en témoigne la lettre ci-jointe, signée Soulas. Cet autographe est inséré dans un exemplaire de Raboliot de Maurice Genevoix, illustré par ce même Soulas.
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